Pour le second diaporama que nous consacrons à l’esthétique cyberpunk, nous avons invité Noe Alonzo. Il nous transporte à Séoul. Si le Tokyo des années 80 a beaucoup inspiré le courant cyberpunk, la capitale coréenne attire désormais une nouvelle génération d’artistes regroupée dans une communauté très active. A travers ses images, Noe Alonzo nous retrace une ambiance dystopique à la fois ambigüe et simplement belle.
Noe Alonzo, originaire du Texas, vit à Séoul depuis 2011 où il occupe un poste d’enseignant. Il est l’une des figures de la communauté cyberpunk de Séoul, un groupe d’artistes qui exprime sa vision du monde au travers de l’esthétique propre à ce courant. Le cyberpunk dénonce un environnement où l’homme, devenu esclave de la technologie et d’un système économique dépravé, doit réfléchir au sens de sa propre existence. Lors de ses balades nocturnes, Noe Alonzo se sert des puits de lumières créés par les néons dans l’immensité urbaine de Séoul pour composer ses images et nous parler du destin du monde. Et pour le photographe, il s’annonce dystopique.
L’esthétique cyberpunk
J’ai toujours aimé photographier la nuit, même si au début, je ne donnais pas de direction à mes photos. De plus, la science fiction est un genre que j’apprécie en général, mais ce n’est que lorsque je suis tombé sur ce style très populaire auprès des photographes au Japon, que j’ai décidé de l’appliquer à mes photos. Cela m’aide à me guider, alors quand je me promène la nuit, je sais maintenant quel type d’images je veux créer.
Vivre dans une mégapole
Pour ce qui est de la vie dans des villes comme Séoul, j’ai l’impression que les gens se concentrent trop sur l’apparence. Mon sentiment est que les gens sont plus préoccupés par comment donner l’impression qu’ils sont riches aux yeux des gens plutôt que de vivre plus épanouis. Il peut être coûteux de vivre en ville et c’est de plus en plus cher. Le gouvernement construit constamment de nouveaux complexes d’appartements, mais malheureusement, ils expulsent les pauvres qui vivent dans ces quartiers et ils n’ont nulle part où aller. Donc, dans un sens, on se croirait dans une société dystopique capitaliste représentée dans des films comme Blade Runner.
Le futur de la planète
Je suis peut-être un peu pessimiste, mais je vois l’avenir comme étant de plus en plus contrôlé par les sociétés riches et puissantes. Un monde où les gens sont plus dominés par leurs émotions et moins par les faits ou la science. Je veux croire que les gens veulent le meilleur pour cette planète, mais malheureusement, il y a trop de personnes au pouvoir qui ne se soucient que de leur enrichissement personnel.
J’ai en fait une vision très pessimiste du monde similaire à celle du cyberpunk. Les entreprises et les riches contrôlent tout et les gens utilisent la technologie pour échapper à cette réalité. Je ne pense pas que cela changera dans le futur, alors quand je prends ces images, je garde ce thème en tête et j’essaie de dépeindre un futur dystopique, sombre allumé au néon, mais qui reste beau.
par Jemina Boraccino
Photos : © Noe Alonzo
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