Le street artiste japonais Twoone nous entraine dans un monde poétique à l’énergie positive détonante bien qu’il aborde des thèmes teintés de mélancolie. Ce qu’il reste après une rencontre avec Twoone c’est un agréable sentiment d’ouverture sur le monde et l’exploration d’une créativité sans limite. L’artiste va jusqu’à fabriquer son propre matériel de peinture sur place avec adhésif et carton. Hiroyasu Tsuri, de son vrai nom, a grandi au Japon, vécu en Australie puis posé ses bases en Allemagne. Un artiste multiculturel qui nous a donné sa vision du monde et de l’art. Invité par l’association Le Mur à Oberkampf dans le 11ème à Paris, sa fresque « Pas d’hivernage » est visible jusqu’au 1 juin.

© Jemina Boraccino
« Je suis quelqu’un de métissé par la vie. Après le lycée, Je suis parti pour dix mois en Australie pour étudier l’anglais et j’y suis resté dix ans. Je me suis installé à Melbourne où j’ai découvert la culture skate, le street art et surtout le sens de l’amitié et une grande liberté. Je vis maintenant à Berlin parce que j’avais besoin de renouveau. Je veux découvrir d’autres cultures avec une histoire qui s’exprime dans les vieilles pierres et entrer en contact avec de nouvelles façon de voir l’art, de nouvelles personnes. Japonais, anglais, allemand, ces langues différentes provoquent des façons différentes d’agir et de penser et je sais que cela influence ma manière d’être et mon travail artistique. Mon art est métissé dans ce sens. »

© Jemina Boraccino
« Je trouve mon inspiration dans la vie de tous les jours, dans mes rencontres et expériences. En France, l’histoire de l’Aigrette m’a touché voilà pourquoi j’ai choisi de la peindre. L’oiseau avait l’habitude de venir à Lieusaint l’hiver mais il n’est pas revenu depuis plusieurs années. Il n’est plus qu’un souvenir dans la mémoire des habitants. Son histoire m’a ramené à ce que nous vivons nous aussi, en tant qu’humain. Le temps qui passe, le souvenir. Nous ressentons tous le manque d’êtres qui sont loin, disparus, qu’on n’a pas vu depuis longtemps. Ma fresque parle d’écologie mais aussi du sentiment poétique de l’absence. »

© Jemina Boraccino
« Peindre dans la rue est important pour moi car cela permet de toucher des gens qui n’ont pas forcément la possibilité d’aller à des expositions. J’ouvre un dialogue avec eux et forcément, c’est un acte politique. Beaucoup d’idées émergent continuellement dans ma tête. Je ne pense pas avoir de message universel parce que j’essaye de faire passer un message différent avec chaque performance ou œuvre. Il y a quand même des traits communs à tout mon travail. J’essaye toujours de transmettre une énergie positive et une expression de la liberté. »
« Voyager aujourd’hui est très facile pour la plupart des gens. Il y a aussi internet qui a fait tomber beaucoup de barrières. Alors tout est ouvert. Les préjugés vis à vis de l’autre diminuent parce qu’on se côtoie, on dialogue, on se connaît mieux. La culture métissée, mélangée se vit au quotidien. On baigne dedans. Tout ce qu’on voit dans l’art fusionne les styles classiques, contemporains et les influences interculturelles.»

© Jemina Boraccino
Textes et photos Jemina Boraccino